Regards d'Art: Irving Penn , la simplicité comme art majeur
- Clément ANDRZEJEWSKI
- 22 nov.
- 3 min de lecture

Il y a des photographes qu’on admire, et puis il y a ceux qui nous accompagnent. Irving Penn fait clairement partie de cette deuxième catégorie pour moi. Un portraitiste d’une élégance rare, dont la simplicité visuelle n’a d’égale que l’exigence derrière chaque prise de vue. Un photographe qui vous donne l’impression que tout est évident… alors que rien ne l’est vraiment.
Un parcours façonné par les arts
Né en 1917 à Plainfield (New Jersey), Penn étudie d’abord le dessin, la peinture et les arts industriels à la Philadelphia Museum School of Industrial Art, sous la direction d’Alexey Brodovitch. Il débute ensuite dans la direction artistique, avant d’intégrer la rédaction de Vogue où il réalise sa première couverture en 1943. Très vite, son nom s’impose comme celui d’un photographe capable d’allier modernité, rigueur et regard humaniste.
L’art du “moins”
Ce qui me touche le plus chez Penn, c’est cette manière très particulière de dépouiller l’image jusqu’à faire surgir l’essentiel.
Des fonds neutres, très souvent gris ou blancs.
Un studio comme refuge, un lieu “calme” qui met le sujet au centre, sans décoration superflue.
Une lumière précise, parfois dure, parfois douce, mais toujours parfaitement maîtrisée.
Une attention presque obsessionnelle à la qualité du tirage, du grain, de la matière.
Penn disait se sentir “plus en sécurité dans les circonstances artificielles d’un studio”. Ce choix n’enferme pas ses portraits : il les révèle. Et c’est probablement ce qui résonne le plus avec ma propre manière de photographier en studio, ici à Ham-en-Artois : l’envie de créer un espace clair, stable, pour laisser place à la personne.
Ce qu’il m’apprend du portrait
L’œuvre d'Irving Penn m’a enseigné que la simplicité n’est pas un renoncement. C’est un engagement.
L’épure n’est pas la facilité. C’est une rigueur, un choix, une direction claire.
Le sujet est toujours au centre. Pas son vêtement. Pas le décor. Pas l’effet.
Une photographie est une rencontre. Penn savait créer ce petit espace où le modèle se dépose, se tient, respire.
La cohérence compte. Tout doit porter le même message : fond, lumière, pose, tirage.
C’est un artiste qui me rappelle que le portrait n’est pas une mise en scène : c’est une attention.
Quelques séries marquantes
Parmi son œuvre immense, certaines séries continuent de me fasciner :
Small Trades (1950–51) : des travailleurs photographiés avec leurs outils, tous sur fond neutre. Une leçon de respect et d’humanité.
Les portraits d’artistes (Picasso, Truman Capote, Colette…) : Penn les enferme parfois dans un “coin” de studio, mais paradoxalement, il les libère.
Les natures mortes et objets : cigarettes écrasées, détritus, fleurs fanées… photographiés avec la même précision qu’un portrait de célébrité.
Penn est un photographe qui peut passer d’un visage célèbre à un mégot sans perdre une once de sérieux. Et ça, c’est tout un art.
Une œuvre si dense… qu’on y reviendra
La carrière de Penn est d’une richesse incroyable :portraits, mode, voyages, natures mortes, fleurs, expérimentations sur le platine…Il y a tellement à explorer que je reviendrai sûrement sur son travail dans d’autres articles de mon blog. Certains pans méritent un article entier, voire plusieurs.
Irving Penn n’est pas seulement un photographe que j’admire : c’est un compagnon de route. Un artiste qui me rappelle, chaque fois que je prends mon appareil, qu’on peut faire beaucoup… avec très peu. Il suffit de choisir juste.















Commentaires